J'ai souhaité vous faire partager cette interview réalisée par une étudiante en communication à l'Université de Bordeaux III, désireuse de mieux connaitre ma passion pour l'univers hospitalier.

1 – Bonjour Jean-Marie Clément, je suis ravie de pouvoir vous posez quelques questions. Vous êtes une figure bien connue dans le milieu hospitalier grâce à de nombreux ouvrages que vous avez écrits seul ou en collaboration. Mais d’où vous est venue cette passion pour l’univers hospitalier ?

Cette passion m’est venue de l’observation des médecins, des infirmières et des aides-soignantes que j’ai vu au chevet des malades se dévouer, car quoi qu’ils en disent ou qu’ils en pensent, il faut avoir une véritable vocation pour faire ce métier. Cela me rappelle la vocation de l’enseignement que j'ai exercé à l'Université de PARIS VIII, pendant 24 ans.

2 – En observant votre Curriculum Vitae, on voit que vous possédez un fabuleux parcours, le monde hospitalier était t-il une vocation pour vous ?

Non, au départ non. Je ne connaissais absolument pas le monde hospitalier si ce n’est par le fait que j’avais été faire une visite à ma grand mère qui allait mourir à l’hôpital de La Réole, mais en dehors de cela, je ne connaissais rien de l'hôpital Je n’avais pas une sympathie folle pour ce milieu qui était quand même un lieu de souffrance et de mort. Mais ce sont les hasards de la vie. Une fois que j’ai été dedans, j’ai pu trouver des figures absolument admirables quel que soit les personnes et j’ai eu beaucoup d’estime pour elles. C’est par empathie que j’ai voulu mieux comprendre, à travers le droit qui était ma formation, le fonctionnement du système hospitalier.

3 – En ce qui concerne votre nouvel ouvrage « Contribution pour une vraie réforme hospitalière », comment vous est venue l’idée de rédiger un livre sur ce sujet ?

J’ai l’impression que les réformes se superposent plutôt qu’elles soient un point d’orgue. J’ai la faiblesse de penser que ce ne sont pas de vraies réformes, ce sont des replâtrage et je pense que pour faire une vraie réforme, il faut faire un vrai diagnostic. Donc, dans ce petit ouvrage, j’essaie à travers des chapitres extrêmement courts de donner mon diagnostic qui n’est pas forcément le bon mais qui a le mérite au moins de poser les problèmes en toute indépendance et de dire ensuite quelles sont les pistes, les solutions que je propose qui sont aussi simplement une participation, une contribution à une vraie réforme.

4 – Les réformes du gouvernement actuel concernant le monde hospitalier vous ont-elles inspirées cet ouvrage ?

J’ai rédigé cet ouvrage avant. Je l’ai fait paraître au moment où j’ai appris que la Commission Larchet allait être mise en place. Je pense que cela peut faire parti d’un élément pour la discussion pour que les gens qui auront cet ouvrage en main soient persuadés que c’est quelqu’un de tout à fait indépendant , et qui a peut-être aussi une trop bonne connaissance de l'hôpital qui a rédigé ce livre, mais peu importe, j’ai pensé que c’était utile. Ce n’est pas au même niveau que la Commission Larchet, c’est à niveau d’indépendance totale.

5– Accepteriez-vous de définir votre nouveau livre en 3 mots ?

Honnête, sincère et peut-être efficace ?

6– Que pensez-vous de la réforme du financement à l’activité pour les hôpitaux ?

C’est une réforme qui était certainement indispensable, mais il fallait faire très attention lors de sa mise en œuvre. Elle a été pondérée par des missions d’intérêt général qui permettent de financer le service public. Je pense que c’est bien insuffisant et qu’il faut que la réforme soit accompagnée par une réflexion sur la formation des médecins et l’obligation pour tous les médecins de passer dans des hôpitaux de proximité avant de revenir dans des CHU pour qu’ils puissent comprendre ce qu’est l’exercice solitaire du métier, à savoir un exercice un peu délicat et difficile d’une pratique professionnelle avec des patients atteints de diverses pathologies. Donc je pense qu’il faudrait à tout prix que la formation des médecins ne soit pas contenue aux seuls CHU, il faut que les CHU s’ouvrent à tous les hôpitaux et en particulier aux petits hôpitaux de proximité qu’il ne faut surtout pas fermer car on va le regretter ; dans 15 ans, on sera obligé d’ouvrir en urgence ces petits hôpitaux parce que les gens de la génération de 1946 et suivantes devenant âgés auront besoin de soins et ils ne pourront pas encombrer les CHU déjà débordés et par ailleurs financièrement ils ne pourront peut-être pas être accueillis dans des cliniques privées où les médecins demandent des droits de dépassements d'honoraires importants.

7 – A travers la création de votre blog, que souhaitez-vous faire passer comme message ?

Le message, que je souhaite faire passer, est de ne pas manquer pour la énième fois la réforme, réussir celle-ci pour ne plus désespérer le million de personnes qui vivent à l’hôpital et qui ne savent plus à quel "saint" se vouer.