Le syndrome « Bolchoï »

" Bolchoï ", en langue russe, se traduit par grand, voire même très grand. Toutes les sociétés ont péri par leur volonté « Bolchoï ». Ce furent les pyramides pharaoniques d’Égypte, les temples grandioses des Incas ou les monuments gigantesques des Aztèques ou des Mayas, sans parler des temples Khmers, etc. Ce furent aussi la Grande Muraille de Chine, les cathédrales européennes, bref, toutes les sociétés ont leurs lubies de bâtir grand, très grand. À l’époque contemporaine, ce fantasme se traduit par la folie monumentale des grandes tours et autres cités des émirats sortis des sables et de la mer. Ceci est le reflet d’une centralisation de la production avec son cortège de bureaucrates qui a abouti à la mort de ces sociétés. Les grandes conurbations contemporaines, les grandes sociétés multinationales, les grands États sont condamnés. Ils sont vulnérables,puisqu’ils sont trop lourds ; leur gigantisme les empêche de s’adapter au moindre coût, selon les modifications incessantes que leur imposent les nouvelles inventions, les innovations technologiques et les besoins des gens. Cela est le cas des grands ensembles hospitaliers qui regroupent plusieurs milliers de personnes dans un seul lieu. Les CHR, trop concentrés, trop centralisés, trop grands pour être facilement adaptables aux réalités changeantes, sont de véritables « sumos » impotents. Ce mode de production anti-écologique est profondément contraire aux besoins humains,même s’ils flattent leurs désirs insensés. Ingouvernables, ces ensembles « Bolchoï » sont des gouffres à finances qui assèchent les petites structures sanitaires indispensables aux modestes agglomérations. Les gros mangent les maigres, les grands tuent les petits, là est justement leur finitude. Ne peut-on pas réaliser la puissance en utilisant le réseau des compétences et des savoirs plutôt que d’encourager la pyramide des assoiffés de pouvoir ?

La Gazette de l'hôpital