La déconfiture de l'économie virtuelle n'est pas discutable, pire elle entraîne dans la débâcle l'économie réelle. Ne doit-on pas méditer sur cette opposition entre le virtuel et le réel ?

Que ne nous a-t-on pas rabattu les oreilles sur la modernité d'une économie sans principe ? Certes les courbes de rentabilité plaidaient pour cette économie financière.

Pourquoi ne pas penser à notre médecine dont certains voudraient qu'elle soit de plus en plus virtuelle ! En effet, à quoi sert de voir, d'examiner le malade, si par la seule magie de l'étude du dossier on peut établir un diagnostic.... Cela n'est pas nouveau. Il y eut des périodes dans l'histoire médicale de l'Occident où la seule vue du patient répulsait le thérapeute, au mieux on examinait le malade sans qu'il ne se déshabille. La Révolution fit table rase de cette médecine au bénéfice de la méthode anatomo-clinique qui reposait sur l'anamnèse et les signes cliniques. C'était l'époque des grands médecins : BICHAT, MAGENDIE, LAENNEC, Claude BERNARD et bien d'autres. L'hôpital devient alors l'auxiliaire indispensable de l'Université médicale. Bien plus tard, Robert DEBRE inspirant la création du CHU en 1958 assurait le triomphe de la médecine clinicienne mais déjà les nouvelles technologies de l'imagerie puis, surtout de l'informatique et du transfert des données numériques, laissaient apparaître la nouvelle distanciation entre le médecin et le malade : la clinique devenait moins importante, la sémiologie n'était plus au pinacle des études médicales. Les systèmes diagnostics informatisés prenaient le relais. Le virtuel des dossiers se substituait au réel du lit du patient. De nos jours certains imaginent même des robots thérapeutes.

Que tous ceux-là sachent que l'on ne s'émancipe jamais impunément du réel : la vraie vie triomphe toujours.

La médecine n'est pas une utopie.

Jean-Marie CLEMENT